Bois du Faison_Héloise Candolfi
Genève

Bois du faisan

En 1933, la Ligue Suisse pour la Protection de la Nature ayant reçu la moitié du produit de la collecte du 1er Août, décida de consacrer le tiers de la somme qui lui était accordée aux sociétés s'occupant des réserves. Les réserves créées devaient cependant avoir un intérêt pédagogique et c'est là que se situe l'origine de la réserve scolaire du Bois du Faisan.

Une zone alluviale en devenir

Lors de l'achat des parcelles actuelles, l'objectif était de participer à la reconstruction de forêts dans le canton et mettre à la disposition des classes un bois pour les écoliers.

En 1938, Pro Natura Genève (à cette époque appelée Association pour la création et l'entretien de réserves naturelles dans le canton de Genève) devient propriétaire de 7ha d'un biotope composé d'une hêtraie, une chênaie, de prés marécageux et de rives de la Versoix.

Une zone alluviale d'importance nationale

Situé dans une zone alluviale d’importance nationale, le Bois du Faisan comporte dans sa partie basse, aux abords de la Versoix, une remarquable aulnaie alluviale. Cette association végétale est fortement menacée en Suisse, du fait qu’elle est liée à une dynamique fluviale sauvage et à des crues saisonnières.

La réserve naturelle comprend également une grande surface de prairie marécageuse qui pendant longtemps, fut l'un des derniers représentant de la dynamique naturelle du site. Enfin, la réserve englobe également une partie uniquement forestière, comprenant des talus qui abritent une grande variété de faune (renards, blaireaux).

De manière plus générale, c'est l'ensemble du cours d'eau qui est remarquable. La Versoix a 3 visages.
En amont des marais, elle est encore jeune et dévale les flancs du Jura où le courant s'accélère. Parvenue dans le secteur des marais, elle ralentit et traverse différents bras conservés depuis l'époque glacière. Enfin, passé les marais, elle se réveille à nouveau et se dépêche de rejoindre le lac Léman à la hauteur du bourg de Versoix.

Le débit peut varier en moyenne sur une année de 0,7m3/s à 20m3/s. Cependant, des crues exceptionnelles peuvent aller jusqu'à 50-60m3/s entraînant des phénomènes d'érosion tout à fait remarquables.

Comme mentionné précédemment, la Versoix possède également des marais qui couvrent la presque totalité du parcours frontalier du cours d'eau. La rivière s'est étalée dans ces dépressions où les eaux de la nappe phréatique, aussi bien que celles des précipitations, ne pouvaient s'infiltrer en profondeur de par la nature étanche des argiles et les a inondées. Heureusement, ces marais sont maintenant protégés des deux côtés et nous espérons qu'il en sera ainsi pour très longtemps.

La Flore de la réserve

La diversité des milieux (zones forestières à zones humides, voire inondées) dans cette réserve engendre une diversité de la flore assez importante, au fil des mois:

Mars
Parmi les quelques fleurs déjà visibles, on trouvera la pulmonaire (Pulmonaria officinalis) un peu partout, l'anémone des bois (Anemone nemorosa) dans la forêt et quelques tussilages (Tussilago farafara) au bord de l'eau.

Avril
Dans les pentes de la réserve, on découvrira les violettes des bois (Viola reichenbachiana) qui recouvrent le sol. Les anémones des bois ont passé et des plantes moins éclatantes ont leur tour, comme les alliaires (Alliaria petiolata) et les sceaux de Salomon (Polygonatum multiflorum).

Mai
Les couleurs disparaissent dans les différents bois. Des tapis verts remplacent les fleurs isolées. Dans l'aulnaie, les feuilles découpées du cerfeuil des bois (Anthriscus sylvestris) et de la podagraire (Aegopodium podagraria) couvrent de grands espaces. Beaucoup de richesses sont à découvrir, sans oublier de mettre son nez dans l'ail des ours (Allium ursinum).

Juin
L'intérêt se porte surtout sur la partie humide de la réserve, où on découvre l'iris des marais (Iris pseudacorus), la lysimaque (Lysimachia terrestris), le cirse palustre (Cirsium palustre), la reine des prés (Filipendula ulmaria) ou la sanguisorbe (Sanguisorba officinalis).

Juillet et août
Il reste quelques rares plantes à découvrir à cette saison, comme le millepertuis (Hypericum perforatum) dans les taillis ou les modestes circées (Circaea sp.) aux fleurs minuscules sur le bord des chemins.

La faune de la réserve

La réserve naturelle du Bois du Faisan n'abrite plus aucune bête rare, elle est trop proche des habitations, trop fréquentée par l'homme.

Heureusement, grâce à l'étendue du massif forestier, à la présence de la rivière, de plans d'eau et de zones humides, petite et grande faunes trouvent des conditions relativement propices à leur développement.

Pendant longtemps, la réserve a abrité un grand nombre de terriers de blaireaux (Meles meles) avec plus de 25 individus. Malheureusement, en 1993, les terriers ont été détruits par des inconnus, entraînant la disparition de la plupart des animaux.

Il reste quelques traces de ce magnifique mustélidé, ainsi que d'autres gros mammifères et la réserve fait maintenant partie intégrante des rives de la Versoix capable d'accueillir ces animaux.

C'est au Bois du Faisan que, le 19 novembre 1956 à 17h30, un castor (Castor fiber) a été mis à l'eau, dans la Versoix.

Ce geste était l'aboutissement de plusieurs années de préparation et fut le début de la réintroduction de l'espèce en Suisse, où elle est actuellement solidement installée.

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